L’excision, cette pratique déshumanisante qui traverse les âges

Malgré les initiatives, les textes internationaux et nationaux, les projets, l’excision demeure une pratique largement répandue dans le monde et précisément en Afrique Subsaharienne. Au Mali, par exemple, la majorité de la population est favorable à son maintien, environ 73% des femmes et des jeunes filles âgées de 15 à 49 ans et 70% des hommes et garçons âgés de 15 à 49 ans d’après le rapport de l’UNICEF du 22 juillet 2013.

‘’L’excision est un moyen de contrôler la sexualité d’une femme’’

L’excision est l’ablation partielle ou totale du clitoris. La pratique est fondamentalement traditionnelle et non religieuse. Les organisations de défense des droits de la jeune fille et de la femme ont initié plusieurs projets pour mettre fin à la pratique dans le monde. Mais malheureusement, malgré les efforts, l’excision continue à être pratiquée. Il va sans le dire, qu’elle demeure une pratique dangereuse avec des conséquences néfastes ; qui sont entre autres les infections, l’infertilité, les complications à l’accouchement, les kystes…. « J’ai été excisée jeune, et à l’âge adulte mon gynéco m’a annoncé que je dois subir une intervention chirurgicale pour réparer la partie de l’appareil génital endommagé lors de la pratique, maintenant je suis effrayé à l’idée de ne pas avoir d’enfants ». Anonymat .
Les causes de l’excision sont multiples, elles sont d’ordre culturelles ou traditionnelles. Dans les sociétés patriarcales, beaucoup de gens sont convaincus que l’excision est une pratique purificatrice qui rend la femme entière, noble et surtout féminine. Ainsi c’est le seul moyen pour une femme de contrôler sa libido. Ce qui est totalement faux et infondé.

Le cri de cœur des victimes

« J’étais petite à l’époque quand mes parents m’ont amené chez l’exciseuse, arrivé chez la dame forgeron, j’ai été déshabillée par une femme. Ensuite tenue par la même femme et une autre, l’exciseuse, avec un petit couteau m’a enlevé mon clitoris. A l’époque j’étais petite et j’ignorais donc que c’était l’excision. Mes parents m’ont ensuite amené chez ma tante pour ma convalescence, j’avais horriblement mal au bas du ventre, mais d’un autre côté je culpabilisais. Voyez-vous, mes parents ont assisté à toute la scène, mais n’ont rien fait alors qu’ils me voyaient crier de douleur. Pour moi, cela ne pouvait être qu’une punition par rapport à une bêtise que j’avais faite, mais laquelle ? je ne le savais pas. Uriner était un véritable défi pour moi, après l’intervention. Jusqu’à l’âge adulte j’en voulais à mes parents pour cette expérience à la fois horrible et douloureuse ». La même victime anonyme citée en haut.
Elles sont beaucoup dans le monde à avoir été victime de ce fléau, selon l’UNICEF 200 millions de fille et de femmes ont été mutilées génialement. Les chiffres sont alarmants. En Afrique, on estime que chaque année, 3 millions de filles risquent de subir les mutilations génitales féminines (MGF). Si les tendances actuelles se poursuivent, 86 millions de filles supplémentaires âgées de 15 à 19 ans risquent, elles aussi de subir des MGF d’ici 2030 (source : Female Genital Mutilation/Cutting : a global Concern, UNICEF, New York, 2016).

‘’L’excision est une expérience qu’on ne peut surmonter, on apprend juste à vivre avec, la douleur nous poursuit chaque jour de notre vie.’’

La douleur des victimes reste profonde ; « la sensation de l’intimité volée ne disparait pas. Mais c’est la frustration de ne pas avoir d’orgasme qui me fait mal » nous confie Awa, une autre victime.
Le danger vient le plus souvent de la famille (parents, grands-parents, tante). Ceux-ci font ce choix dans l’optique de perpétuer la tradition. Selon notre victime anonyme citée en haut « les parents doivent respecter le corps de la petite fille, c’est à cette dernière de décider ce qu’elle veut faire de son corps. Mutiler génitalement une fille revient à la blesser physiquement, psychologiquement et même sexuellement. Pour ma part, j’avais l’impression d’avoir été trahie par mes parents ».
Les autorités Maliennes en partenariat avec la société civile, ont pris des mesures, mais malheureusement celles-ci s’avèrent inefficace puisque bon nombre de familles continuent de soutenir et de pratiquer l’excision. Des jeunes filles dans les quatre coins pays continuent d’être bafouées dans leur dignité, violées dans leur intimité et blessées dans leur sexualité.