L’inceste, parlons-en !

La première histoire incestueuse que j’ai lu, est « vehi-cosianne » d’Ousmane Sembene. Le livre raconte l’histoire d’une fille tombée enceinte de son père, dont la mère pleine de tourments et de honte meurt après l’accouchement de celle-ci. C’est à travers la lecture de ce livre que j’ai réellement pris conscience du phénomène qu’est « l’inceste » en Afrique.

Quand vous tapez inceste dans le moteur de recherche google, vous tomberez sans doute sur l’exemple le plus célèbre de la mythologie grecque, le mythe d’Œdipe. D’où l’expression du complexe d’Œdipe très souvent utilisé en psychologie. L’inceste par définition désigne les relations sexuelles entre proches parents (dont le mariage est interdit) amour incestueux. Il s’agit précisément des rapports sexuels entre frères et sœurs, pères et filles/fils, ou encore entre mère et fils/fille. Le cas dont nous aborderons dans cet article, est l’abus des filles par leurs pères. Un phénomène assez courant dans nos sociétés surtout celles dites « traditionnelles ».
L’inceste est toléré dans certaines contrées voire autorisées par « certaines coutumes » en Afrique et même ailleurs. Dans certaines régions d’Afrique sub-saharienne, la pratique reste répandue.

L’inceste, un phénomène à combattre vaille que vaille

Dernièrement nous avons vu circulé sur le web des histoires incestueuses. La vidéo la plus célèbre à ce jour reste le reportage d’enquêtes d’Afrique de CANAL +, qui relate l’histoire d’une jeune Burkina B abusée par son père accueillie dans un centre. La jeune fille après son accouchement est renvoyée au domicile familial. L’excuse du directeur du centre « ce sont les coutumes ». Beaucoup d’internautes ont été scandalisés et outrés par l’histoire précisément les propos du directeur. Celui-ci qui évidemment s’est appuyé sur les traditions pour justifier une telle atrocité.

Malheureusement, un grand nombre de jeunes filles subissent des abus au quotidien de la part des membres proches de leurs familles (père et frère) mais ces histoires restent méconnues.
Beaucoup de sociétés dites « traditionnelles » tolèrent les violences faites aux femmes. Ce qu’il faut savoir c’est que nos sociétés sont fortement patriarcales et reposent de ce fait sur des pratiques violentes (injustifiées et intolérables) à l’égard des femmes. Et l’inceste est l’une d’elle.

Bien qu’interdite par les textes (lois) et condamnée par la morale, l’inceste reste une pratique assez répandue, ces histoires sont soigneusement dissimulées et scrupuleusement cachées. Mais la révolution numérique et précisément les réseaux sociaux font que ces faits sont de plus en plus connus par le public. Pour beaucoup, particulièrement « les gardiens des traditions » on ne doit pas lever le voile sur ces pratiques, ce qui reviendrait à indexer notre « belle culture non moins parfaite ». Je pense que cela demeure juste un moyen de maintenir les femmes sous le joug du patriarcat. Finalement prisonnières d’un ordre moral faussement mensonger, qu’elles acceptent toute leur vie. Les femmes subissent ces horribles pratiques et c’est à elles que la communauté tourne le dos les laissant seules en tête à tête avec leur honte et leurs multiples souffrances. Et le livre d ‘Ousmane Sembene que je cite plus haut illustre parfaitement cet état des choses. Une mère humiliée et attristée par le sort de sa fille qui meurt et dont la fille est exilée du village avec son nouveau-né qui est également une fille.

En finir avec le patriarcat et ses violences

Combien de femmes et de filles continueront de vivre de telles atrocités ? Combien de jeunes filles vont encore se faire abuser par leurs pères et frères ? Combien d’entre elles continueront de vivre avec le poids d’une telle douleur ? Et quand est ce que ces pratiques cesseront dans nos sociétés ? Des questions que nous nous posons quotidiennement et dont nous peinons à trouver les réponses. Mais une chose est sûre, ces faits persisteront tant que les sociétés patriarcales continueront d’exister et tant que les autorités politique, religieuse, économique et culturelle continuent d’être détenues par les hommes. Beaucoup de femmes subiront des violences au nom des traditions et des coutumes foncièrement basées sur l’injustice et l’inégalité.

Il revient aux autorités de prendre leurs responsabilités et sévèrement punir les agresseurs. Nous avons tou.t.e.s. s notre rôle à jouer pour mettre fin aux violences faites aux femmes dans nos communautés. Les organisations féministes en collaborations avec toutes les actrices et tous les acteurs doivent accompagner les femmes en situation de vulnérabilité et moralement fragiles. Ensemble nous devons en finir avec le patriarcat.