[Interview] Salématou Sako, une femme qui pense la Guinée et L’Afrique !

Née d’une mère malienne et d’un père guinéen, cette figure féminine est entrepreneure, engagée, passionnée de communication et amoureuse de l’Afrique. Elle nous parle de sa vision de l’excellence et de l’importance de la place des femmes dans le développement du continent. Voici pour vous cher lectorat la womanagerstory de Salematou Sacko.

  1. Vous avez passé une grande partie de votre vie au Canada avant de rentrer en guinée, qu’est ce qui a motivé votre retour ?

J’ai effectivement effectué, en janvier 2015, le grand saut qui était celui de rentrer en Afrique, plus précisément en Guinée. Je suis rentrée sans aucune attente et sans à priori. Je crois que cela a d’ailleurs grandement facilité mon intégration. Je ne suis pas rentrée pessimiste, mais plutôt prête à m’ajuster aux réalités que j’allais trouver sur place.

Mes raisons étaient d’abord affectives, même si je sentais tout de même cet « appel du pays », comme diraient certains. Je suis partie de la Guinée assez jeune et j’ai gardé de très beaux souvenirs d’enfance. J’ai voulu me rapprocher de mon père qui vivait en Guinée et je sentais le besoin de contribuer à quelque chose de plus grand que de simplement continuer à évoluer dans une société où tout était déjà fait. Le Canada reste « mon autre chez moi » et je suis extrêmement reconnaissante pour tout ce que ce pays d’accueil m’a apporté, autant en expériences humaines que professionnelles.

  1. Depuis votre retour en Guinée, vous tentez de contribuer à la promotion et à la valorisation de l’image du pays, notamment à travers le cabinet en communication SAKOM dont vous êtes co-fondatrice et Directrice associée, qu’est- ce qui est à l’origine de la création de cette entreprise ?

Votre réponse se trouve dans la question. Notre ambition est réellement de contribuer à créer une nouvelle narrative autour de la Guinée et de participer activement à l’effort de développement du pays. De belles choses s’y passent, aussi bien dans le secteur privé que public. Mais que dit-on de la Guinée ? Que sait-on sur la Guinée ? Que se passe-t-il concrètement en Guinée ? Loin de vouloir masquer les défis et les réalités du terrain, nous avons choisi, mon frère `et moi en créant SAKOM, d’avoir une communication adaptée aussi bien au contexte guinéen qu’international. Notre parcours de vie, fait de séjours dans plusieurs pays d’Occident et d’Afrique dont la Guinée, nous permet de comprendre et de vulgariser les codes de notre pays, ainsi que ceux du monde occidental. Une grande partie de notre travail consiste à « connecter les mondes » à travers différents moyens qui vont de la création de contenus à l’organisation d’événements.

  1. En tant que femme engagée, comment vivez- vous les relations femmes-hommes dans le monde des affaires ?

Je suis très à l’aise dans mon rôle de femme et de cheffe d’entreprise. Consciente de ma place, je reconnais également celle des autres. La place des femmes dans les entreprises en Afrique et dans le monde est d’ailleurs en constante évolution. Que ce soit en ville ou en zone rurale, les femmes ont toujours joué un rôle crucial dans nos économies et notre impact positif est de plus en plus reconnu et soutenu. Les femmes africaines sont en marche et elles sont de plus en plus conscientes du rôle qu’elles ont à jouer dans le développement du continent.

Ce qui reste difficile, surtout dans nos sociétés africaines, c’est d’avoir à travailler parfois deux fois plus pour les mêmes droits ou privilèges que nos collègues et collaborateurs masculins. Un homme peut être ‘‘juste bon ou moyen’’ dans ce qu’il entreprend, mais c’est à partir du moment où une femme excelle qu’elle se démarque. Je reste convaincue que seule l’excellence dans la qualité de mon travail saura me distinguer de mes collaborateurs hommes. J’ai du respect pour les personnes compétentes, tous domaines confondus, alors je n’exige pas moins lorsqu’il s’agit de reconnaitre et de faire imposer ce que je sais faire. A compétence égale, aucun homme ne m’intimide.

  1. L’égalité femmes-hommes en entreprise et dans les sphères publiques, qu’en pensez-vous ?

La question est large et profonde, mais restera pertinente aussi longtemps que le problème ne sera pas résolu. Il est fondamental de changer l’image de la « femme au foyer » au sein de nos cultures, cette mentalité doit évoluer. Les femmes africaines sont très actives et ont toujours su porter plus d’une casquette. Il est temps que nos sociétés traditionnelles acceptent que l’éducation et l’instruction sont des droits autant pour nos filles que pour nos fils. Il nous faut mettre l’accent sur l’alphabétisation et la formation, ouvrir tous les corps de métiers et faciliter l’accès au financement, améliorer la représentativité des femmes dans les instances de prises de décisions et tant d’autres choses. Il est vrai que plus en plus de femmes accèdent à des postes de responsabilités dans le secteur privé et public, cela devrait être la norme. Certains pays d’Afrique font des progrès remarquables sur les questions d’inégalités, notamment le Rwanda, c’est donc possible d’y arriver. Grace à celles qui ont frayé le chemin avant nous, grâce à celles qui œuvrent encore et militent sans cesse pour l’égalité femmes-hommes, il faut reconnaitre que des batailles sont entrains d’être gagnées.

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  1. Trois (3) femmes qui vous inspirent :

Ma mère pour sa résilience face à l’adversité, pour son élégance en toutes circonstances et pour sa grande classe. Oprah Winfrey pour n’avoir pas abandonné lorsqu’on lui a dit non au début de sa carrière, elle est pour notre génération et pour celle avant nous, une icône dans le monde des médias et de la philanthropie. Et finalement, la seule et unique Michelle Obama (Mrs Obama), l’épouse de l’homme considéré comme le plus puissant au monde pendant 8 années, elle a joué son rôle de 1ere dame avec grâce et finesse.

  1. Quel est votre secret pour réussir et quel est votre credo ?

Mon baromètre de ‘‘réussite’’ est très, très, alors très élevé (rires). Je ne considère pas encore avoir réussi. La réussite est un ensemble de choses et d’objectifs atteints. Chaque objectif fixé et atteint contribue un peu plus à mon bonheur, je travaille donc encore à ma réussite. Cependant, ce qui me rend heureuse au quotidien, c’est de constater que mes actions aussi petites soient elles, puissent contribuer à améliorer des conditions de vie.

Mon crédo c’est « Aime, crains Dieu et aime ton prochain ». La vie n’est pas toujours simple, les gens ont assez de problèmes et de défis à relever. Si on ne peut pas les aider en apportant des solutions, la moindre des choses c’est d’être aimable avant de passer son chemin… La crainte de Dieu et l’amour du prochain .

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Pour terminer, un conseil pour nos lectrices ?

Merci pour l’entrevue, merci à la rédaction et aux lecteurs de WOMANAGER. Mon conseil aux lectrices : Ayez confiance en vous, en vos rêves et en vos capacités. Ne permettez pas au doute et à la crainte de vous garder dans l’ombre. Développez vos compétences, le leadership.