Cancer du sein : qu’en est-il du traitement au Mali ?

pexels-klaus-nielsen-6303686

Le cancer du sein se rencontre de plus en plus souvent. Il nécessite donc encore plus d’efforts dans son traitement.

Il en existe plusieurs types et plusieurs modes d’évolution. Le cancer du sein qui autrefois était évoqué comme un mal des sociétés développées est entré désormais chez nous dans le cercle des maux redoutés. Selon Abdramane Alou Koné, docteur en médecine, chef de service et spécialiste de l’oncologie médicale du Centre hospitalier et universitaire du Point G, le cancer du sein est une prolifération tumorale, c’est-à-dire une multiplication anarchique des cellules qui constituent l’organisme.

« Quand cela arrive, explique-t-il, ce que la patiente ressent tout d’abord, c’est la présence d’une masse au niveau du sein. Masse communément appelée boule qui n’était pas perceptible auparavant. Chez certaines patientes, cette boule peut être douloureuse et à ce moment elle attire immédiatement l’attention. Mais la situation inverse peut se présenter (pas de douleur perceptible) et dans ce cas, si la patiente ne reste pas vigilante et ne pratique pas régulièrement l’auto palpation, la maladie peut évoluer et arriver à un stade avancé.»

Les médecins procèdent par plusieurs techniques pour dépister et surveiller l’évolution du cancer du sein. Il y a, bien sûr, la palpation qui permet de vérifier la présence ou non d’une grosseur anormale au niveau du sein. La mammographie, à laquelle on recourt fréquemment, est un examen radiologique révélant les lésions indétectables par la palpation. Il existe également d’autres analyses en imageries en plus de la mammographie telles que l’échographie mammaire et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Sans oublier les prélèvements auxquels il est possible de recourir comme la biopsie et la cytoponction.

Comme on peut s’en douter, le traitement d’un mal aussi complexe que le cancer du sein s’avère onéreux et bien au-dessus des ressources d’une patiente lambda. C’est pourquoi depuis quelques années l’Etat subventionne la prise en charge du cancer en général. Une enveloppe annuelle de 300 millions est affectée à l’achat des produits anti-cancéreux. Et la prise en charge ne concerne que le service Oncologie médicale du CHU Point G. »

En plus de la subvention de l’Etat, il faut noter l’implication de Médecins Sans frontières (MSF) qui s’est engagé depuis mi 2018 dans le traitement du cancer au Mali. « En commun accord avec le ministère chargé de la Santé et le service Oncologie du CHU Point G, détaille le Docteur Abdramane Alou Koné, nous avons convenu que nos partenaires français traitent dans la limite de leurs moyen les cas de cancer du sein non métastatique et de cancer du col de l’utérus. Grâce à cet accord, tous les cancers du sein non métastatique sont pris en charge par MSF et les patients n’ont rien à débourser. Je précise que le cancer du sein non métastatique est celui qui n’a pas atteint d’autres organes en dehors du sein lui-même. Il faut savoir en effet qu’un cancer du sein qui n’est pas détecté à temps peut s’étendre à d’autres parties du corps comme les poumons, le foie ou encore les os ».

Un problème reste préoccupant : les survivantes du cancer du sein ne reçoivent plus certains médicaments depuis un moment. Aissata Guindo est l’une d‘entre elles. Elle a achevé sa chimiothérapie depuis trois ans, mais reste inquiète. « Cela fait un bon moment que je ne reçois plus le médicament, témoigne cette survivante. Je récupérais auparavant ceux-ci à l’hôpital Luxembourg, mais ma dotation n’est plus disponible et malheureusement on ne m’a donné aucune explication. Actuellement je paye de ma poche le médicament qu’il me faut prendre et il est un peu cher. »

On peut comprendre les appréhensions de Assitan. Car il existe plusieurs facteurs de risque et la prise en charge des patientes dépend des caractéristiques du cancer. La prévention revête donc une importance capitale. « Nous préconisons l’allaitement, plaide le Docteur Abdramane Alou Koné, car il permet de lutter contre le cancer du sein. Il est préférable de laisser les enfants téter au minimum un an. Personnellement, je suis partisan de ce que les mères allaitent pendant deux ans. En aucun cas, les femmes ne doivent refuser d’allaiter leurs enfants pour des raisons professionnelles ou autre. Cela pour leur bien-être et celui de l’enfant ».

Notre interlocuteur énumère parmi les autres précautions à observer le fait d’éviter un surpoids ou encore l’abandon du port des soutien-gorge en soie qui ne laissent pas respirer les seins.

Il existe aussi des facteurs génétiques qui font que les enfants peuvent avoir le cancer du sein si la maman a été victime de ce fait elles doivent faire attention à eux pour ne pas le développer. » conclu-t-il en exhortant la population à aller se faire dépister chaque fois pour éviter toute risque.

Oumou Fofana