[Cover girl] Maimouna Dioncounda Dembélé: au cœur de ses 12 ans de militantisme au Mali.

Pour  célébrer notre premier anniversaire, plongez au cœur des 12 ans de militantisme de la féministe Maimouna Dioncounda Dembélé.

Pouvez-vous nous parler de vous ?

Je m’appelle Maimouna Dioncounda Dembélé, je travaille sur les questions d’égalité entre les femmes et les hommes et spécialiste en droits humains. Et actuellement je suis chargée de programmes et spécialiste en égalité femme-homme pour le centre d’étude et de coopération internationale du Canada. J’agis aussi comme directrice par intérim.
J’ai fait des études en droit privé et par la suite en relation internationale et diplomatie. J’ai fait des formations qualifiantes pour me spécialiser dans de différents domaines surtout dans les droits humains, les droits des femmes.
En mots je dirai que je suis précoce, assoiffée (des connaissances, de l’apprentissage et de pouvoir) et curieuse.

1. Vous militez depuis votre jeune âge pour les droits humains, qu’est ce qui vous a poussé à aller vers le militantisme ?

J’ai commencé à militer assez tôt comme vous venez de le souligner. Tout a commencé quand l’une de mes camarades en classe fondamentale a été victime d’un mariage précoce sur fond d’abus sexuel ; à l’époque j’avais 14 ans. Et c’est à ce moment que j’ai commencé à militer dans le gouvernement des enfants de mon école.

A l’âge de 18 ans j’ai commencé à travailler pour Amnesty international au Mali, j’ai d’abord été membre d’un club, responsable de ce club et responsable d’une antenne (celle de la rive droite) qui était composée de plusieurs lycées.
Et un an plus tard j’ai été la coordinatrice nationale des jeunes pour Amnesty international.

Ces responsabilités m’ont permis de travailler sur les questions des droits humains, de pouvoir identifier les problèmes des jeunes et de vivre plusieurs expériences au Mali et dans la sous-région et dans d’autres pays du monde à travers des campagnes de plaidoyer sur les droits humains.

Après ce poste, je suis allée au bureau exécutif d’Amnesty international au Mali comme représentante des jeunes et trésorière générale du mouvement pendant 2 ans. Par la suite j’ai été la coordinatrice en charge des actions urgentes et des personnes en danger pendant deux ans.

Après Amnesty, nous avons créé une association qui s’appelle Avenir Plus Mali dont j’ai été présidente et membre fondatrice.
Par la suite l’association a fusionné avec une autre plateforme nommé Action Droits Humains. Le consortium a été financé par l’ambassade des Etats Unis au Mali, par le haut conseil de lutte contre le SIDA. Après je me suis concentrée sur une carrière professionnelle. J’ai 12ans d’activisme mais de façon active.
Ces expériences m’ont donné une satisfaction morale et m’a permis de faire de belles rencontres et très d’être riche en expérience.

2. Pouvez-vous nous parler des tendances égalité femme-homme au Mali ?

Le Mali est un pays avec une société fortement patriarcale et donc les questions d’égalité sont assez complexes dans le pays.
Il y a certes eu quelques avancés, vue qu’aujourd’hui on se retrouve avec un ministère en charge de la promotion de la femme et de l’enfant, avec la loi Oumou Ba, avec un avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre (VBG), avec une organisation de la société civile féminine assez présente et engagée. Quand on prend par exemple l’éducation des filles, le taux de scolarisation est de plus en plus en hausse. Néanmoins il reste encore beaucoup de choses à accomplir. Par exemple, on se demande les initiatives qui sont entreprises dans plusieurs domaines, quelles sont leurs continuités ?

3. Quel stéréotype vous exacerbe le plus ?

« Dièya kagne saga ni ba ye » la peau blanche scie mieux au mouton qu’à la chèvre. On le dit souvent dans plusieurs contextes comme quand un garçon sort et que la fille veut faire la même chose. Ils oublient aussi que ce garçon peut faire des mauvaises choses et faire du mal dehors. Moi je pense que tout le monde a droit à la même éducation.
Aussi dans certaines localités on interdit à la femme de parler fort contrairement à l’homme « Horon muso té kuma i kouma kan ka mê » une femme noble n’enlève pas la voix. Ce qui marche peut-être à la maison mais pas lors des campagnes électorales.

4. Quelle est la leçon la plus importante que vous avez appris ?

J’ai appris durant ces périodes qu’on peut avoir des féministes dans les zones rurales les plus éloignées du pays.
Moi je pense que la question d’égalité est une question de justice sociale parce que nous naissons tous libres et égaux. Quelqu’un m’a une fois dit que tous les maliens me détestent avec mes idées de blanc, malheureusement beaucoup pense que le féminisme est une idée occidentale ce qui n’est pas le cas.

5. Quels sont vos derniers mots pour notre lectorat ?

Je dirai aux jeunes filles qui me lisent d’avoir confiance en elles, qu’elles sachent qu’elles sont précieuses, magnifiques et que personne n’a le droit de leur imposer quoi que ce soit. Nous (femmes) sommes fortes, nous pouvons faire face aux obstacles, avoir des solutions à nos problèmes pour briller et devenir des femmes exceptionnelles. Ensemble nous pouvons y arriver !