« L’amitié est le ciment de notre groupe » conversation avec les Maralinké, le premier groupe de slam féminin au Mali !

Aujourd’hui je converse avec deux incroyables et brillantes jeunes filles, Aminata Bamby Konaté slambamby (23 ans) et Mally Keita aka Mally (24 ans). Bamby et Mally sont les co – fondatrices du premier groupe de slam feminin au Mali les Maralinké. Elles sont toutes les deux nées au Mali et ont appris le slam en autodidacte depuis leur adolescence. Puis elles se sont formées dans les associations de slam (jeuness’art et agoratoire).

Dès le début de leur carrière, elles ont utilisé le slam comme moyen de lutter contre les maux de la société. A l’occasion de la sortie de leur dernier clip « je suis VBG » apparu le 30mars 2022, nous revenons sur leur carrière.

 

Tenin Samake : votre groupe les Maralinké est le premier girl band slam au Mali, pourquoi le slam comme arme de combat ?

 

Bamby : le slam est un moyen d’expression, un moyen d’extérioriser ce que nous avons au fond de nous. Le slam est aussi un moyen pour nous d’être la voix des sans voix et la voix de ceux qui ont besoin d’être entendues et dont on n’écoute pas. Au-delà le slam est une passion.

L’histoire de notre groupe a commencé depuis notre jeune âge. Nous sommes des amies d’enfance avec Mali et Mariam Koita (le troisième membre du groupe qui est présentement au Canada). Nous avons grandi ensemble toutes les trois, à la base l’histoire du groupe n’a pas commencé avec le slam. Le slam est devenu notre quatrième compagnon par la suite et c’est précisément au lycée que nous avons croisé le slam.

C’est en participant à des concours de slam que nous avons réalisé que cet art pouvait être un allié de taille dans notre vie. En 2018 la girl band les Maralinke a été créée par trois amies de longue date et qui ont en commun l’amour du slam. Avant la formation du groupe, nous évoluons en solo dans les associations de slam. Et après un break d’un an, nous nous convenues de former un groupe. D’ailleurs, notre amitié est le ciment de notre groupe. Nous sommes et avons été amies avant d’être partenaires. C’est ce qui nous motive au quotidien. Et c’est cela qui facilite aussi notre collaboration. Nous nous connaissons bien. D’ailleurs, le nom maralinké est la combinaison de nos noms d’ethnies  »mara de « maraka » et  « linké » de  »malinké ». 

 

 

Aminata Bamby Konaté aka Bamby

Mally : le slam est notre arme pour défendre et protéger. Depuis toutes petites, nous sommes passionnées d’écriture et de scène. Pour les compétitions scolaires, nous représentons l’école dans les disciplines artistiques. Quand on a découvert le slam en 2015, nous avons immédiatement embrassé cet art et avec le temps il est devenu une part de notre identité.

 

Tenin Samake : ce que j’aime dans votre travail, c’est la pertinence de vos textes, je remarque que plus les années passent, plus les textes sont meilleurs, qu’est ce qui change ou qui a changé au fur du temps ?

 

Mally : nous avons grandi et notre passion pour le slam aussi au fur des années. Et c’est ce qui nous motive. Nous avons participé à beaucoup de festivals (Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan, le festival slam nana benz, les mixités…), nous avons réalisé des projets. Nous avons gagné en expérience. Pour l’instant nous n’avons pas atteint à cent pour cent nos objectifs mais nous savons que nous sommes sur la bonne voie et qu’on peut y arriver. 

 

Mally Keita aka Mali

Bamby : nous sommes fières de nous par ce que nous avons su relever le défi qu’on s’était lancé en 2018 à la création du groupe.  Notre groupe existe depuis 4 ans. Et nous avons créé une association en parallèle et l’association les Maralinke a formé à ce jour plus d’une cinquantaine de jeunes en slam à travers le Mali. Nous avons une initiative annuelle qui s’appelle nos mots contre les maux du Mali et du Sahel. Nous ne nous limitons pas qu’à notre carrière du slameuse, nous voulons former des jeunes, partager ce que nous avons appris. Nous sommes slameuse et activistes. Et cette année, c’est à Koulikoro que le programme va se tenir.

 

Ténin Samake : votre groupe est surtout connu pour son engagement, vous abordez plusieurs sujets comme la politique, le racisme la conscientisation de la jeunesse et le féminisme. Comment souhaitez-vous être vue en tant que slameuse ?

 

Bamby : la plupart du temps les gens ont cette confusion qui est de croire que nous nous intéressons uniquement à la question du féminisme. Oui, nous militons en faveur des droits des femmes mais nous nous intéressons à d’autres sujets. Notre bibliothèque musicale à ce jour est rempli de textes sur l’actualité et la politique. Les droits des femmes sont juste un sujet parmi tant d’autres qui nous tiennent à cœur. Nous militons pour l’égalité oui mais nous sommes aussi des artistes libres et préoccupées par d’autres thématiques. A ce jour, ma production préférée des Maralinke c’est notre clip wili « debout » notre premier single. Le single parle d’éveil des consciences. On nous pose couramment cette question aussi : pourquoi il n’y pas de garçon dans votre groupe ? on n’a rien contre les hommes mais notre groupe de slam est née de notre amitié. Trois amies, un groupe de slams c’est tout.  

Mally : je rejoins Bambi. Et la confusion vient du fait que nous sommes uniquement des femmes dans le groupe. Je peux comprendre cela mais les Maralinké c’est une macédoine de thématiques (nature, entreprenariat, poésie, politique, racisme et actualité). Et mon clip préféré à ce jour des maralinké c’est « drapeau souillé ».

 

Tenin Samake : pourriez-vous nous parler un peu de votre dernier clip « je suis VBG », dans lequel vous abordez dans un angle différent les violences faites aux femmes ?

 

Mally: dans le clip « je suis VBG » nous parlons de la femme sous différents angles. Nous présentons la gent féminine dans sa diversité. Nous voulons que toutes les catégories de femmes se retrouvent dans le texte. Une harmonie de mots et d’images pour raconter l’histoire des femmes. La valeur ajoutée du clip c’est aussi le son. On a fait le texte sur le single « amandrai » d’Aly Farka Toure. Et c’est en collaboration avec Vieux Farka Toure que nous avons réalisé le clip. L’instrumental du clip est moins violent contrairement à nos autres productions.

 

Ténin Samaké : cela fait maintenant quatre années que votre groupe existe, avez-vous des partenaires qui vous accompagnent depuis le début ?

 

Bamby et Mally : le projet Donko ni Maaya de la GIZ est l’un de nos grands soutiens. L’ambassade d’Allemagne nous soutient énormément. L’Etat malien à travers le ministère de la jeunesse et des sports nous soutient aussi. Le ministre Mossa Ag Attaher (parrain de notre premier album, que du slam) est l’un de nos bienfaiteurs tout comme l’ancien premier ministre Boubou Cissé. Nous collaborons avec beaucoup d’organisations internationales.  

 

Ténin Samake : quelles sont vos perspectives ?

 

Bamby : notre management est géré depuis un certain temps par les studios tadiazt. Nous sommes sur de nouveaux projets. Nous ne pouvons pas en dire plus pour le moment. L’association Maralinké va continuer à promouvoir le slam auprès des jeunes et nous allons jouer pleinement notre rôle d’ambassadrice du slam.