Le Mali a des « rappeuses » : un festival dédié au rap féminin !

Former et accompagner des jeunes filles passionnées par le Rap, tel est l’objectif que s’est donné Ami Yerewolo à travers son festival dénommé : Le Mali a des rappeuses !

Restée pendant longtemps la seule femme sur la scène hip hop made in Mali, Ami Yerewolo veut que d’autres filles la rejoignent, afin qu’ensemble elles puissent promouvoir le rap féminin dans le pays. C’est dans cet état d’esprit qu’elle a initié le festival « Le Mali a des rappeuses ». L’un des objectifs de cette initiative est de créer un cadre pour le rap féminin, et d’accompagner celles qui veulent faire carrière dans le domaine.

photocredit : i4africa

Opportunité

Lancé en 2017, le festival en était à sa 5e édition cette année. Tenu du 24 au 27 août 2022 sur le thème « L’entrepreneuriat au féminin, défis et perspectives », il s’est déroulé en quatre jours, dont deux jours d’ateliers animés par des experts. Ceux-ci portaient sur L’entreprenariat et le développement personnel (avec Braïka Aminata), la Communication digitale (Ras Kebe), à quoi s’est ajouté un atelier d’écriture de texte et de programmation de chanson (Zack Prod et Ami Yerewolo). A la suite de la formation, un concours a eu lieu, qui a vu AK ONE, venue de Ségou, décrocher le sacre de la meilleure rappeuse de cette édition. Le tout a été couronné par un grand concert.

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Formation, partage d’expérience, travail en collaboration… sont les axes suivis par l’’icône du rap féminin malien avec son projet. Elle souligne avoir été inspirée par un festival ayant lieu au Sénégal : « Leur façon de faire, cette volonté de collaboration afin de trouver une solution à leurs problèmes, m’a donné envie. Il n’y avait presque pas de femmes sur la scène malienne. En tant que seule rappeuse, je n’avais pas de soutien. On ne pouvait donc pas comprendre les difficultés que je traversais.». A travers ce festival, Ami Yerewolo a donc voulu donner une opportunité à d’autres jeunes filles venues de tout le Mali, avec la volonté de s’unir.

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Le rap autrement

Qui dit festival pense à la fête. Mais l’artiste a voulu faire les choses autrement : la formation avant tout. Un(e) artiste, de surcroit rappeur ou rappeuse, se doit d’être cultivé(e) et engagé(e), dit-elle. « L’objectif est de montrer que l’éducation est importante dans le domaine car, tout ce que j’ai pu faire jusque-là, c’est grâce aux études. Je pouvais peut-être réussir sans éducation, mais elle a beaucoup contribué à tout ce que j’ai pu réaliser dans la musique. » Pour elle, ce festival, est aussi un moyen de faire comprendre que la culture peut contribuer au développement de la société

Ami Yerewolo assume son double rôle de rappeuse et de manager de rappeuses. « C’est en se formant dans le domaine qu’on peut faire plein de belles choses : affronter les discriminations, les injustices, les inégalités pour ne pas abandonner ». Des difficultés, des injustices, surtout en tant que femme, il faut toujours s’y attendre. « Quand je lançais ce festival, j’étais en autoproduction à l’époque et on refusait de m’inviter sur scène. Je me suis donc dit que je vais créer ma scène, et là personne ne va m’en empêcher » rappelle-t-elle. Aujourd’hui, certes, le festival n’a pas de ressources mais l’artiste reste concentrée sur l’objectif et ne compte pas s’arrêter. Car, « personne ne me donnera ce que je cherche, c’est à moi d’aller prendre ce qui m’appartient ».

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Peu de moyens, beaucoup de mobilisation

Sans véritable soutien extérieur, l’artiste sait mobiliser autour d’elle. Les partenaires du festival sont notamment : Actuel Media, le média de Ras Kebe, pour la communication ; I4africa, une organisation à but non lucratif créée pour renforcer la musique traditionnelle et les arts en Afrique de l’ouest et au-delà ; et le Cercle culturel germano-malien (CCGM). Contribuent aussi les membres de son fan club, ainsi que l’agence événementielle créée par Ami Yerewolo, Denfari Event.