La pilule du lendemain : quelle utilisation pour les jeunes filles ?

Utilisée fréquemment par les jeunes filles, la pilule du lendemain est une contraception hormonale d’urgence pour éviter une grossesse non désirée. Néanmoins, les spécialistes de la santé mettent en garde sur toute utilisation néfaste pour la santé.

Aïssata Diarra est couturière, âgée de 23 ans. Cette jeune fille au teint noir, taille fine, portant un pantalon noir avec un haut un peu décolleté, est assise sur une chaise en train de croquer de l’arachide. Avec un petit sourire au lèvre, Aïssata reconnaît avoir eu recours à ces pilules du lendemain, et pas qu’une fois. « J’utilise très souvent ces pilules pour éviter de tomber enceinte. Mais j’avoue que je ne connais pas assez les indications thérapeutiques concernant la prise de ce médicament ».

Même son de cloche avec Fatoumata Keïta, une étudiante en droit, coquette avec une silhouette bien dessinée. Du haut de ses 25 ans, Fatoumata note pour sa part que si elle a souvent utilisé cette pilule, elle sait qu’il peut y avoir des dommages : « je suis consciente que prendre fréquemment ce médicament peut avoir des effets secondaires. Mais pour moi c’est la solution la plus accessible en cas d’urgence… je ne voudrais pas compromettre mes études pour le moment ».

Si certaines jeunes filles affirment avoir recours au contraceptif, d’autres en revanche indiquent ne l’avoir jamais utilisé. Tel est le cas de Fatoumata Coulibaly, une diplômée sans emploi. Fatoumata est grande de taille, avec les cheveux un peu teintés. Marchant sous un soleil ardent, Fatoumata nous lance ces quelques mots de sa voix douce : « je n’ai jamais utilisé la pilule, même une seule fois. Je calcule mon cycle et je fais attention pendant mes jours de fertilité pour ne pas tomber enceinte ».

Oumou Fofana est également diplômée sans emploi. C’est une fille calme et même timide, vêtue d’un hidjab. Malgré cette apparence, elle note que la pilule du lendemain est une bonne chose, car elle préserve les jeunes filles des grossesses non désirées. Et elle déplore le coût élevé de ces pilules (selon ses informations, bien sûr) : « ce n’est pas à la portée de tous, car elle est plus chère que les autres pilules de contraception », dira-t-elle. Oumou conseille également à ses sœurs de ne pas abuser de la prise de ce médicament.  Elle pense, à long terme, qu’il ne va plus faire d’effet.

Une contraception d’urgence ne doit pas déborder sur une utilisation fréquente.

Confirmation des spécialistes : il faut faire attention ! Le Dr Coulibaly Mahamadou, gynécologue au CSREF de Kalabancoro, précise : comme tous les types de médicaments, ces pilules peuvent engendrer plusieurs effets secondaires, comme des douleurs abdominales, de la fatigue, de la tension mammaire, des maux de tête, des saignements provenant de la cavité utérine (en dehors des règles, qu’on appelle des métrorragies), des nausées etc.

Une contraception d’urgence, c’est l’utilisation d’une méthode contraceptive pour éviter une grossesse après un rapport sexuel non protégé, possiblement fertile. C’est donc une solution d’urgence. Mais notre gynécologue confirme que beaucoup utilisent ces contraceptifs fréquemment, notamment les jeunes filles.

Selon le Dr Coulibaly, il y a plusieurs types de pilule du lendemain : des contraceptifs oraux combinés normodosés, et les contraceptifs oraux combinés minidosés, notamment. Les spécialistes de la santé mettent en garde : selon eux, les pilules du lendemain contiennent beaucoup d’hormones, or les médicaments riches en hormone peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé. Ils invitent donc les utilisatrices à essayer d’autres méthodes de contraception, moins dangereuses. Ils signalent par ailleurs que, passées 72 heures, ces pilules n’ont plus d’effet. Et qu’on ne doit pas dépasser deux utilisations par an !

« La pilule du lendemain ne doit en aucun cas remplacer la contraception classique. Elle est utilisée uniquement en cas d’accident ou d’incident, sans oublier qu’elle peut favoriser la grossesse extra-utérine, car elle retarde la nidation », ajoute le Dr Coulibaly.

La pilule du lendemain ne doit donc pas se prendre comme une vitamine ! Et l’utiliser doit faire l’objet de précautions. Son usage sans contrôle fait aussi réfléchir sur les comportements sexuels des jeunes, et sur sa mise à disposition en dehors de toute information.

Zeïnabou Fofana