Les figures fortes dans l’histoire de l’Afrique : la reine Ndete Yalla du Sénégal !

Beaucoup d’Africaines d’origines et de conditions diverses se sont investies dans des actes de résistance et des luttes émancipatrices, mais leurs noms figurent trop rarement dans les livres d’histoire. Trop souvent négligées par les chercheurs, absentes à des exceptions dans les documents, leurs sacrifices et leurs efforts sont tombés dans l’oubli. Pour la journée mondiale de l’Afrique, nous avons décidé de rendre hommage à ces figures marquantes à travers une série de portraits. Ces résistantes féminines ont précédé le Panafricanisme.

Parmi ces résistantes du passé, il y a également la reine Ndete Yalla (1810-1860) qui, dans les années 1850, s’opposa aux troupes françaises engagées dans la colonisation du Sénégal. Contrôlant depuis le milieu du 17e siècle des comptoirs commerciaux à Saint-Louis, les Français, dans leur désir d’expansion, allaient se heurter au Walo, petit royaume du nord du pays au bord du fleuve Sénégal.

Une société basée sur l’égalité

Ce royaume vivait du commerce de ses productions agricoles et de pêche avec la ville de Saint-Louis, où se trouvaient la garnison française et une importante communauté blanche. Dans la société traditionnelle du Walo, les femmes pouvaient non seulement bénéficier d’une autonomie économique, mais aussi exercer un leadership politique lorsqu’elles appartenaient à des familles régnantes. Ndete Yalla prit donc l’ascendant sur l’occupant en titre du trône, le Brack (roi) Mambodj Malick, jugé trop peu énergique pour défendre le pays contre une puissance européenne.

Ndete Yalla, la nouvelle reine montra dès lors toute sa détermination dans une lettre adressée au gouverneur de Saint-Louis du Sénégal, en 1847 : « Nous n’avons fait de tort à personne. Ce pays nous appartient et c’est à nous de le diriger. Saint-Louis appartient au gouverneur, le royaume du Cayor appartient au Damel et le Walo appartient au Brack. Que chacun de ces chefs gouverne son pays comme bon lui semble. »

 

Une vie dédiée à la protection de son territoire

 

Pendant une dizaine d’années, elle parvint à tenir les Français à distance. Mais leurs incursions progressives dans la région finirent par aggraver la situation. Le gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe, décida finalement d’annexer ce territoire récalcitrant. Un matin de février 1855, il quitta Saint-Louis avec une colonne de quatre cent soldats du corps militaire africain des tirailleurs sénégalais qu’il venait de créer, et dévasta tout sur son passage. Le 25 février, une violente bataille s’engagea contre l’armée du Walo, commandée par le mari de la reine, mais celle-ci fut mise en déroute le 18 mars par les canonnières ennemies. La force française incendia ensuite vingt-cinq villages, pilla les récoltes, emporta des troupeaux de moutons, d’ânes et de chevaux et ramena deux mille vaches aux européens de Saint-Louis, qui craignaient de manquer de lait et de beurre à cause de la guerre.

La reine Ndete Yalla trouva refuge dans le royaume voisin du Cayor, d’où elle voulut réorganiser la résistance. Mais en vain. C’est dans cet exil qu’elle mourut en 1860, rongée par le chagrin de n’avoir pu sauver son territoire après vingt-deux ans de règne.

 

Sources : Femmes africaines, Panafricanisme et Renaissance africaine. Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Département Afrique. Publié en 2015 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture