Les figures fortes dans l’histoire de l’Afrique : La reine Njinga Mbandi d’Angola !

Beaucoup d’Africaines d’origines et de conditions diverses se sont investies dans des actes de résistance et des luttes émancipatrices, mais leurs noms figurent trop rarement dans les livres d’histoire. Trop souvent négligées par les chercheurs, absentes à des exceptions dans les documents, leurs sacrifices et leurs efforts sont tombés dans l’oubli. Pour la journée mondiale de l’Afrique, nous avons décidé de rendre hommage à ces figures marquantes à travers une série de portraits. Ces résistantes féminines ont précédé le Panafricanisme.

La reine Njinga Mbandi, une figure de la résistance coloniale

La reine Njinga Mbandi, dite aussi Anne Njinga (vers 1581/83-1663), est entrée dans l’histoire pour avoir résisté pendant une quarantaine d’années aux menées colonisatrices du Portugal en Angola au 17e siècle. Le Ndongo, rebaptisé Angola par les Portugais, a été l’un des premiers pays africains colonisés, et le plus décimé aussi par la traite négrière. C’est également celui qui mena la plus longue résistance contre l’envahisseur européen.

Ce territoire prospère vivait de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat et du commerce, jusqu’à l’arrivée des Portugais, qui feront de l’île de Luanda un comptoir négrier dès 1557. Persuadés ensuite que le pays possédait des mines d’argent, ils décideront de s’en emparer et d’en déporter les populations vers leur nouvelle colonie du Brésil, à Cuba et aux Amériques. Pendant près d’un siècle, les rois du Ndongo, dont le père de Njinga, lutteront farouchement pour défendre leur territoire. Mais face à la supériorité des armes européennes, le royaume s’effrita progressivement jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Njinga Mbandi, dont l’héroïque résistance contraria les différentes stratégies d’invasion portugaises, retardant l’annexion totale du pays.

En 1622, déjà, envoyée à Luanda par son frère, successeur de leur père, pour négocier un traité sur les nouvelles frontières du Ndongo, la princesse mena les tractations avec fermeté devant une assistance européenne médusée par son aplomb. Refusant de soumettre son pays à la tutelle de Lisbonne, et de livrer des esclaves au commerce négrier comme le lui demandait le gouverneur et vice-roi du Portugal, Dom João Correia de Sousa, elle répondit : « Sachez, Monsieur, que si les Portugais ont l’avantage de posséder une civilisation et des savoirs inconnus des Africains, les hommes du Ndongo, eux, ont le privilège d’être dans leur patrie, au milieu de richesses que malgré tout son pouvoir, le roi du Portugal ne pourra jamais donner à ses sujets. »

Son frère étant décédé dans une opération militaire, la princesse, devenue reine en 1624, reprit le flambeau de la lutte armée. De 1624 à 1663, elle combattit, les armes à la main, la conquête portugaise du royaume de Ndongo, dirigé depuis des générations par sa famille.

Une femme qui a suscité l’intérêt des cours européennes au 17 e siècle

Reine guerrière, elle défendit sa souveraineté jusqu’à sa mort à 82 ans. Elle s’intéressa aux modes de vie de cette Europe qui tentait de l’assujettir, afin de mieux connaître ses ennemis et de les tenir à distance.

Tout en négociant des traités de paix avec les Portugais, elle envoyait des espions à Luanda pour surveiller l’entraînement des troupes étrangères afin d’adapter les pratiques de ses propres guerriers à leur façon de combattre. Attaquant de nuit pour surprendre l’ennemi ou pendant la saison des pluies, quand le paludisme exténuait les Européens, elle déjoua, en près de quarante ans de conflit, tous les pièges destinés à la capturer.

Mais lorsque Lisbonne reprit son expansion sur le Ndongo, Anne Njinga rejeta le catholicisme pour n’y revenir que bien plus tard, en 1657, une fois assurée que ses ennemis respecteraient enfin sa souveraineté.

Les Portugais ayant conquis une grande portion du pays, Njinga se replia vers l’est, sur le territoire du Matamba, frontalier du Ndongo, où elle reconstitua son pouvoir en 1629. Elle ouvrit les frontières de son nouveau royaume aux réfugiés et organisa l’exode des populations du Ndongo pour les soustraire aux négriers portugais. Elle s’assura aussi le soutien de chefferies voisines pour former un front de résistance. De guerre lasse les Portugais renoncèrent à la traquer et Anne Njinga put diriger le Matamba jusqu’à sa mort en 1663, mais ne put empêcher la partition du royaume.

Sources : Femmes africaines, Panafricanisme et Renaissance africaine. Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Département Afrique. Publié en 2015 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.