Portrait de Binta Diakité, aide ménagère à Bamako !

Il y’a celles qui viennent dans la capitale pour travailler, épargner des fonds pour payer leurs ustensiles  »matériaux de cuisine » de future épouse. Celles qui viennent dans la capitale à la recherche d’une vie meilleure.
Et nous avons cette troisième catégorie qui y viennent pour échapper au poids des traditions appliqué par les patriarches de la famille. Entendez ici, les jeunes filles qui veulent échapper au mariage forcé, qui souhaitent tout simplement choisir en toute tranquillité l’homme qui partagera leur vie. Binta Diakite fait partie de cette troisième catégorie.

A 16 ans, Binta décide de venir à Bamako, pour échapper à un mariage forcé. Née dans une famille où le niveau d’étude d’une fille atteint rarement le niveau CEP (sixième année primaire). Binta rêvait d’une vie professionnelle. Mais comme dans la plupart des zones rurales, le patriarche de la famille en avait décidé autrement. L’oncle de la jeune fille qui privilégié par le statut d’ainé avait pris la décision de la marier alors qu’elle était en classe de septième année , second cycle et âgée alors de 15 ans. A l’époque ayant demandé de l’aide auprès du directeur de plan international de leur village. Celui-ci avait mis la pression à la famille, pour laisser la jeune fille poursuivre ses études. Mais les tourments de Binta commencent réellement après le décès de celui-ci. Bénéficiant de soutien de la part de peu de personnes autour d’elle, elle est confrontée pour la deuxième fois au problème de mariage forcé.

‘’J’ai été élévée par ma tante dans le village de konobougou commune de barawili (region de segou à 15 km de Bamako), mais je suis originaire de Djoni, où mes parents biologiques et le reste de la famille vivent. J’allais dans le village pendant les vacances. Mais après l’obtention de mon CEP, ma famille à djoni avait commencé à me mettre la pression pour me marier. Pour mon oncle, j’étais à l’époque « très instruite » pour une fille de la brousse. Après un premier échec, mon oncle est revenu plus fort que jamais à la recharge. Un dimanche, 5 jeunes hommes sont venus me chercher dans un village voisin, alors que j’assistais au mariage d’une amie. En apparence , ils s’étaient tous donnés le mot pour m’enlever. » se remémore- t-elle.
Espiègle et maligne, elle avait réussi à s’échapper. Le lendemain, ayant dormi chez une amie qui l’avait aidé à se cacher. Elle prend alors le premier minibus pour la capitale.
Binta est de teint noir, taille courte, mince. De vue, elle fait moins son âge.

Le métier d’aide ménagère est un défi continuel

Binta a été accueillie ses premiers jours à Bamako par une connaissance du village, qui vit en plein centre ville de Bamako. Celle-ci l’aide alors à trouver un travail d’aide ménagère chez sa petite sœur. La jeune fille passe 6 mois chez cette dernière.  » J’ai été bien traitée par ma première employée jusqu’au jour où son mari qui selon elle, ‘’s’intéressait trop à moi’’. Elle me présentait en tant que petite sœur à son entourage. C’est après quelques mois que les choses ont commencé à tourner au vinaigre. Ma patronne dont le mari était polygame était une femme un peu jalouse. Son mari ne m’a jamais fait d’avance. Il n’a jamais eu de comportement déplacé à mon égard, il était juste assez courtois. et malheureusement sa femme ne voyait pas cela d’un bon oeil ».  Nous confie t-elle.
Renvoyée après 6 mois, Binta se sent complètement perdue dans la grande ville. Elle commence alors à aller de maison en maison pour demander du travail. Elle est finalement embauchée par une famille chez qui elle passera quelques années.

Les grandes villes causent bien de tares

A cette époque, elle entretient une romance avec une petit jeune du quartier dans lequel elle travaille. Pensant naïvement se marier avec celui-ci, elle tombe enceinte de ce dernier qui l’abandonne dans son état. Dans les grandes villes un nombre élevé de jeunes filles précisément d’aides ménagères tombent dans les pièges des prédateurs. Ces derniers leurs promettent amour et mariage pour ensuite s’enfuire après avoir obtenu ce qu’ils recherchent c’est à dire du sexe. D’autres encore,se font violer.
Les autorités par manque de volonté et de fonds n’arrivent pas à protéger ces filles en situation de vulnérabilité. Là où nous sommes, il n’existe aucune convention de travail pour les droits des aides ménagères au Mali. Les organisations non gouvernementales comme font de leur mieux à travers des projets de sensibilisation à l’image de l’ONG espagnole EDUCO. Mais il reste encore pas mal de choses à accomplir. Les violences morales et physiques engendrées par ces situations de vulnérabilité sont immenses et insurmontables pour beaucoup de jeunes filles. De ce fait, des lois doivent être non seulement votées pour protéger les aides ménagères mais aussi pour permettre à la main d’œuvre qu’elles constituent de vivre en citoyenne digne et respectée.

Un métier qui use la santé, mais encore….

A présent agée de 22 ans, et maman célibataire de deux petits garçons de 4 et 2 ans. Binta nous confie, qu’outre une vie régentée par les contraintes financières, le plus triste c’est le manque de considération et de respect des familles employées. Le métier d’aide ménagère est usant , pire , pas assez respectable pour certaines.

 » Beaucoup de gens pensent que l’on doit tout faire pour eux. Pour eux nous sommes des esclaves et ils pensent avoir tous les droits. Ils n’ont aucun respect pour nous ou ce que nous faisons… ». Binta
La jeune fille comptabilise à ce jour 5 ans d’expérience d’aide ménagère.

Pouvant difficilement continuer avec deux enfants, aujourd’hui elle est coiffeuse et blanchisseuse. Elle retourne souvent au village pour voir sa mère, puisque la famille paternelle l’a rejetée depuis sa fugue dans la capitale.
Des bintas vous pouvez en croiser des centaines chaque jour dans la capitale, des jeunes filles impuissantes, rejetées par leurs familles et qui sont confrontées aux grandes difficultés de la capitale. Et seulement un nombre mince arrive à s’en sortir .