Arrêtons les remarques acerbes et déplacées sur les filles voilées !

Le mali est un pays à majorité musulman. La présence de l’islam se voit de plus en plus marquée au sein de la population. L’environnement social du pays est profondément baigné dans un mélange, pas toujours harmonieux, qui se veut entre culture traditionnelle malienne et culture islamique. Et paradoxalement, le port du voile (hijab, niqab ou burqa) par les femmes demeure un autre aspect de la religion qui dérange. Un petit rappel historique s’impose donc avant de rentrer dans le vif du sujet.

Le hijab, une pression sociale lourde à porter

Pour beaucoup, le port du voile demeure tout simplement une forme d’extrémisme qui n’a pas lieu d’être et pour d’autres il s’agit d’une arabisation de notre société, une pratique étrangère à notre culture. Il n’est donc pas rare, malgré la présence quasi omniprésente de la religion musulmane dans nos contrées, de rencontrer des personnes qui s’opposent avec véhémence au port du voile, quelle que soit sa forme. Les regards désapprobateurs et les remarques acerbes et déplacées demeurent douloureux mais le plus grave, les discriminations visant à empêcher celles qui se voilent d’accéder à certains services constituent l’inacceptable. Mais malgré tout, beaucoup de jeunes femmes continuent à se couvrir activement la tête. Et je fais partie de celles-ci.

 

Je n’ai commencé à porter le hijab que l’année passée. Pour ma part, la décision m’est venue très naturellement. Je l’ai juste mis sur ma tête un jour en sortant, et je ne l’ai plus enlevé. Et de toute façon, je voulais le faire depuis de nombreuses années, mais je ne m’en sentais pas le courage. Mais une fois fait, je ressentais soudainement une certaine libération, une plus grande spiritualité et surtout une hausse immense de foi. Pour moi le voile n’est ni plus ni moins, qu’une manifestation physique de la prolifération de la foi, un niveau supérieur de mon ascension spirituelle, un autre moyen de me rapprocher de mon Créateur. Et je suis persuadée que c’est le cas pour la majorité de mes sœurs musulmanes voilées.

 

C’est pour cela que les opposants au port du voile doivent se renseigner davantage sur leurs religions et comprendre que même s’ils ne sont pas d’accord avec un aspect ou un autre de ladite religion, le mieux est de ne pas juger ceux qui y adhèrent et de prier pour eux s’ils sont réellement convaincus que ces derniers sont sur la mauvaise voie. L’islam nous pousse à la solidarité, la compassion et à l’entente harmonieuse dans nos échanges sociaux. Et c’est dans cet esprit, que j’encourage également mes frères et sœurs musulmans à la tolérance de l’autre, au savoir-vivre et au respect des valeurs et des principes de tout un chacun.

 

Quant à celles qui sont voilées, je prie qu’elles puissent supporter la pression sociale autour d’elles et qu’elles s’en retrouvent plus fortifiées. Pour celles qui envisagent de commencer et qui ont peur, j’aimerais leur donner l’assurance qu’il n’y a absolument rien de plus libérateur et de spirituel, et qu’il n’y a aucun regret à sauter le pas. Le meilleur restera à venir, par la grâce d’Allah, et le jugement dernier lui revient.

 

Oumy Thera