Comment les femmes éduquées sont -elles  perçues par le patriarcat ?

« Knowledge is power ». On a tous probablement déjà entendu parler de cette expression ou d’une de ses variantes. En français, ça donne « La connaissance constitue le pouvoir » ce qui vaut plus pour les femmes. Dans cet article notre éditrice Oumy Thera partage avec nous sa réflexion sur la manière dont la société perçoit les femmes éduquées.

 

 Petit topo du contexte malien….

Au Mali, le taux d’analphabétisme est extrêmement élevé avec un pourcentage de 66% pour les adultes (avec, surprise surprise, 78% pour les femmes). Et ce qu’on constate avec ces pourcentages c’est l’extrême force avec laquelle ils sont genrés.

Les femmes rencontrent immensément d’obstacles pour accéder à l’éducation. Et avec une population juvénile prépondérante, les filles et les jeunes femmes sont les principales victimes de cette injustice sociale/patriarcale. Dans nombreuses régions au Mali, les familles préfèrent envoyer les garçons à l’école plutôt que les filles. Le raisonnement qui « justifie cette discrimination et injustice » est que les femmes sont amenées à se marier, fonder des foyers et aller vivre dans d’autres familles. Donc investir dans leur éducation s’annonce comme une perte de temps et d’argent car les familles ne récolteront pas vraiment le retour sur investissement, contrairement aux potentielles belles-familles.

D’autres facteurs constituent des obstacles à l’éducation des filles : le mariage précoce, les grossesses précoces, les crises multi-dimensionnelles, mais en tout et pour tout le dénominateur commun et le principal facteur demeure la misogynie.

 

Les difficultés sont aussi multiples pour la catégorie des femmes éduquées

Parmi le pourcentage d’individus lettrés et qui ont la chance de poursuivre des études supérieures, les femmes éduquées sont également confrontées à cette grande et bonne vieille amie des hommes (oui vous l’aurez deviné, la misogynie). On commence à voir et à entendre de plus en plus trop d’hommes étaler publiquement leurs préférences pour les femmes qui ne font pas de grandes études et qui ne sont trop intelligentes (même si personne ne leur a jamais rien demandé mais bon). On les entend se lamenter sur le caractère opiniâtre, sec et insoumis de ces femmes car elles pensent sûrement être des hommes aussi (parce que ces attributs sont purement masculins bien sûr). Mais ce qui est drôle avec ces hommes, c’est qu’ils ne parlent des femmes qu’en conditionnant leurs existences à leurs propres existences dans la vie de ces dernières.

 

Ils essaient donc la tactique de la peur. Elles finiront seules ou avec des chats. Elles ne se marieront jamais et aucun homme ne pourra les supporter etc….

Le problème aussi c’est que pendant trop longtemps, beaucoup de femmes ne vivaient que pour le mariage. Se marier était et demeure encore malheureusement pour nombreuses maliennes, la consécration de la vie sociale. Seulement, qu’est-ce que l’éducation change dans cette mentalité ? Elle change le fait que les femmes ne se sentent pas validées que par le regard des hommes. Elle change le fait que les femmes se renseignent davantage sur leurs droits humains, leurs épanouissements mental, spirituel, religieux et économique. Elle donne naissance à une catégorie de femmes qui s’acceptent comme elles sont, qui apprennent à se connaître et à savoir ce qu’elles veulent et attendent de la vie. Elles donnent naissance à toute une génération de jeunes filles ambitieuses, qui prennent le temps de grandir et de murir et surtout qui ont suffisamment confiance en elles pour ne pas se jeter dans n’importe quelle relation amoureuse.

L’éducation permet aux femmes de s’offrir un avenir certain sans que le mariage ne soit leur unique moyen de subsistance. Et c’est justement ça le problème, ces femmes commencent à ne plus avoir peur des mêmes menaces érodées parce qu’elles savent ce qu’elles veulent et ce qu’elles valent. Elles travaillent sur elles-mêmes, possèdent beaucoup d’intelligence émotionnelle et donc savent comment gérer les conflits, réguler leurs émotions et entretenir des relations platoniques stables. Ce qui fait que nombreux de leurs besoins émotifs et affectifs sont déjà pris en charge par l’existence d’autres femmes dans leurs vies.