Combative et déterminée : l’incroyable parcours de Kadi Diarra, comédienne et chanteuse malienne !

Comédienne, chanteuse et maintenant autrice, elle travaille sur les thèmes qui lui tiennent à cœur comme l’excision, les violences ou l’émancipation des femmes. Elle a récemment remporté la bourse plume de scène 2022 pour son texte « Nyeleni ».  Retour sur le parcours d’une comédienne et autrice acharnée.

Vous l’avez probablement vu à la télé, donné la réplique à Issa Coulibaly « diawara » dans le sitcom « Diawarala ». Elle joue le rôle de Kadi, une femme belliqueuse, qui rend la vie difficile à tout le monde.

Tous les chemins mènent à la comédie selon Kadi Diarra. L’actrice s’est battue pour convaincre ses parents de sa vocation. Elle est aujourd’hui une actrice reconnue, ayant collaboré avec les plus grands noms du métier.

Force, courage et détermination

 

Kadi Diarra naît à Segou (ville située à 240 km de Bamako) en 1976. Sa passion pour la télé et la comédie débute très tôt, lorsque dans l’adolescence elle s’intéresse au métier d’actrice. Elle rêve alors des grandes scènes nationales et européennes.

« Déjà toute jeune, mon rêve était de devenir une actrice et partir en Europe. L’arrivée de la télé au Mali dans les années 80 a beaucoup influencé cette envie. Quand j’en ai parlé à mon père, il m’a dit de finir d’abord mes études. Quand j’ai eu le diplôme d’études fondamentales qu’il fallait pour me présenter au concours de l’institut national des arts (INA), j’ai parlé de ma vocation à ma belle-mère. Et elle n’était pas d’accord puisqu’elle voulait que je devienne infirmière. Or, ce n’était pas ce que je voulais… » nous explique-t-elle.

 

Elle débarque en pleine nuit à l’âge de 17 ans à Bamako (la capitale malienne) par auto- stop et sans un sou en poche. Désorientée, effrayée et un peu découragée, elle refuse l’option de retourner à Segou sans atteindre son objectif qui est de passer le concours de l’INA. Et c’est là qu’elle perçoit une connaissance assise au grin.

« Bizarrement c’est comme si une voix m’a chuchoté de me retourner et de l’autre côté de la rue je vois un ami de mon cousin, AMARA. Il était en train de prendre du thé avec ses amis sous le lampadaire. Je me suis rapprochée d’eux. Il a été très surpris de me voir. Sans attendre il s’est saisi de mon sac, m’a donné à boire, à manger et un endroit pour dormir. Le lendemain, il m’a accompagné à l’INA pour déposer mon dossier. Mais hélas, le dépôt des dossiers était clos depuis une semaine » nous confie-t-elle. Mais une fois de plus, la chance sinon le Sanakuya (cousinage à plaisanterie) lui sauve la mise. Le directeur de l’INA accepte son dossier à cause du Sanakuya et un peu par pitié face à la désillusion de la jeune fille. Elle passe le concours 4 jours après et est admise à l’institut national des arts.

                                                                            Le Sanakuya m’a sauvé, à bien des égards.

Apprendre le théâtre

 

Dès sa deuxième année à l’INA, elle commence à travailler dans les spectacles d’Ousmane Sow, son professeur d’art dramatique.  L’occasion pour la jeune actrice de côtoyer les grands noms du théâtre maliens : Lassy Coulibaly dit Zankè. Michel Sangaré, Habib Dembélé, Hélène Diarra, Maimouna Doumbia, Katherine Koné, Oumou Berthé et pleins autres. Peu après, elle obtient un rôle principal dans « Diawarala », un sitcom de 15 épisodes crée par Aguibou Dembélé pour Camara production. Dans le sitcom, elle joue le personnage de Kady, une femme belliqueuse, forte de caractère et bagarreuse. Elle a aussi joué le rôle de Waraba dans Dougou-Ba-Sigi, une film de Drissa Diarra dit James…

 

Un rêve accompli

 

Major de sa promotion en 2000, elle intègre la compagnie blonba. Avec le spectacle Bougougnerie nana, elle part en France. Et elle travaillera 3 ans avec blonba. En 2005, elle décide de s’installer en France avec sa famille. « Je suis retournée sur les bancs étudier et avoir ma licence en art du spectacle avec mention. J’ai joué dans des films et séries, et j’ai tourné avec beaucoup de compagnie. Je me suis formée et été formée par de bonnes personnes. Mon grand défi aujourd’hui en tant que comédienne est de continuer à faire ce que j’aime , tout en étant aimé pour ce que je fais . » nous confie-t-elle.

Aujourd’hui, Kady Diarra se définit comme une femme libre, épanouie et ambassadrice des sans voix. Elle reste une femme libérée qui croit et défend ses convictions comme elle l’a toujours fait depuis petite. La récompense plume de scène pour son texte « Nyeleni » est le fruit de son travail acharné.

La comédienne de 46 ans souhaite devenir réalisatrice et ouvrir à Ségou un   espace culturel, d’échange, de réconciliation et d’entraide pour les femmes. Elle souhaite tout aussi continuer à se produire sur scène :   « Je veux avoir un dialogue scénique accessible partout et travailler sur des thèmes qui parlent et touchent tout le monde, sans distinction de couleur ou de catégorie sociale. Être sur scène, donner du plaisir et voir tous les spectateurs contents après mes spectacles est un défi à relever pour moi ». 

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