[Rencontre] Amina Niandou, le parcours d’une femme de média

Présidente de l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC Niger), Experte genre et média, mère et responsable de la cellule de communication du parlement Nigérien, Amina Niandou incarne à la perfection la résilience, la combativité. Elle fait partie des femmes qui font bouger l’Afrique et qui constituent de vrais modèles pour les jeunes filles. Voici pour vous, chères lectrices, la WomanagerStory d’Amina Niandou.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis Amina Niandou, Je suis Nigérienne, mère de trois enfants. J’ai un parcours académique atypique, je n’étais pas destinée au journalisme au départ. J’ai fait un lycée technique, j’ai un Baccalauréat en Math et Technique. Après j’ai fait deux ans dans une école d’ingéniorat. A ma deuxième année j’ai dû faire une pause, à cause de ma grossesse. Et après ce ‘’ stand-by’’ je me suis inscrite à une école de journalisme. J’ai décroché alors une licence en maintenance audio-visuelle. Je me suis ensuite reconverti en réalisation sonore. En 2013 je suis retourné à l’université pour faire un master en communication et développement.

En 2001 j’ai travaillé comme réalisatrice à l’ORTN (la télévision nationale d’Etat Nigérien), j’ai travaillé dans la régie et j’ai réalisé des émissions. J’ai adhéré l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (l’APAC) la même année. De simple membre, j’ai été secrétaire générale et présidente de 2016 à nos jours, j’ai donc gravi les échelons de l’association petit à petit. J’ai été élue en 2010 membre de l’observatoire national de la communication. J’ai été recrutée comme coordinatrice du bureau de l’institut PANOS de l’Afrique de l’Ouest au Niger.

A partir de 2016 j’ai commencé à travailler comme conseillère communication du président de l’assemblée national du Niger et je suis aussi responsable de la cellule communication du parlement Nigérien. A mes heures perdues, je suis consultante, experte genre et média. A ce titre je fais des consultations pour les organisations comme ONU femmes, UNFPA…

Parlez-nous des défis auxquels vous avez été confrontés dans votre vie ?

Mon premier grand défi, c’était de concilier mes études avec la vie de famille. Je me suis mariée juste après le BAC et à ma deuxième année d’université j’avais contracté une grossesse difficile qui nécessitait un suivi médical régulier. Et j’étais à l’étranger à l’époque et je me suis demandée si c’était une bonne idée de rester à l’étranger avec une grossesse difficile sans proche, ni famille. Et c’est ainsi que j’ai pris la décision d’abandonner mes études d’ingéniorat et de revenir à Niamey trouver une autre école. Après trois ans de pause, j’ai repris à zéro mon cursus universitaire, niveau BAC. L’obtention de mon diplôme en 2000 a coïncidé avec la période où l’Etat du Niger avait cessé de recruter.

Mon deuxième défi, était alors de trouver un travail, mais je continuais avec mes activités bénévoles dans les associations. Je suis restée dix années à l’ORTN sans salaire, ou j’allais travailler bénévolement, je recevais juste 50000f par mois comme frais de taxi.

En 2009 je rencontre une autre difficulté, je perds mon père. Et j’ai vraiment eu un choc par ce qu’on était très proche lui et moi, mais mon mari et mes enfants m’ont aidé à surmonter cette épreuve.

En 2012, mon mari qui était mon plus grand soutien décède, après 17 ans de mariage des suites de maladie. C’était quelqu’un qui me soutenais inconditionnellement dans ce tout que je faisais, il m’aidait à rédiger mes discours pour mes activités associatives, m’encourageait dans ma carrière. Ce défi a été le moteur déclencheur, après son décès je me suis dit que la meilleure chose que je puisse faire pour lui rendre hommage serait de continuer à avancer. Et à partir de là je me suis déchainée, j’ai redoublé d’effort, j’ai travaillé dur, je suis devenue vraiment battante. Son absence fait partie des choses qui me motive, par ce que je lui dois bien, le fait de me maintenir et de continuer à avancer.

Les défis ne constituent pas un problème, c’est ne pas savoir relever les défis, et continuer à avancer qui pose problème. Il n’est pas interdit de tomber, mais c’est de ne pas se relever qui est fatal.

A quoi pensez-vous quand vous entendez femme Africaine ?

Quand j’entends Femme Africaine, je pense à une femme battante, fière, qui est toujours présente pour sa famille, qui sait qu’elle a un rôle à jouer dans sa communauté. Depuis le temps de nos ancêtres, on nous a parlé des femmes guerrières, chez nous on parle de Saraougna Amadou, au Mali Nieleni…. C’est des femmes qui ont joué des rôles importants dans les empires. Et je me dis que nous sommes issues de ces femmes-là. Pour moi, chacune de nous a une fibre de guerrière, quitte à elle de l’exploiter ou pas.

Quelle est la recette du succès selon vous ?

La recette du succès, il faut croire, avoir la foi et l’estime de soi. L’estime de soi est le premier niveau, quand on s’estime soi-même, on a confiance en soi-même et on peut surmonter tous les obstacles possibles. J’ai d’abord cru en moi-même, avant qu’on ne croit en moi. Donc croire en soi et s’estimer !

Quels sont vos conseils pour nos lectrices ?

Je dirai à vos lectrices que, la vie mérite d’être vécue, au nom de cette croyance il faut se battre. Il ne faut jamais laisser les autres décider à sa place. Il faut toujours avoir soi-même l’intime conviction qu’on est en train de faire du bien ou du mal. Dieu nous a doté d’une raison et d’une capacité de réflexion, je suis sûre que toutes les femmes ont la capacité de faire la différence entre le bien et mal et devrait pour la prépondérance du bien.