[Rencontre] le combat de Nafissatou Ba contre les discriminations liées à l’albinisme !

Pour la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, nous sommes allés à la rencontre de Nafissatou Ba, une jeune femme dynamique, brillante et engagée dans le combat pour un monde plus juste et égalitaire pour les albinos. Directrice de la fondation « Salif Keita », elle partage avec nous sa vision des choses et les actions menées par l’association !

*Pouvez-vous nous parler de vous ?

Je m’appelle Nafissatou BA. Je suis la Directrice de la Fondation Salif Keïta pour les albinos depuis 2019, je suis également la trésorière générale de l’association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD) Mali.
J’ai obtenu ma licence en Gestion financière, ce qui m’a ouvert les portes du marché de l’emploi où j’ai exercé en qualité de responsable commercial jusqu’en 2019 date de mes débuts à la Fondation.
Rejoindre la fondation était un parcours atypique et presque normal vu que le milieu associatif m’a intéressé très tôt, et l’idée de pouvoir changer le monde pour une vie meilleure ou un mieux vivre ensemble m’a toujours fait rêver.

1- Vous êtes la directrice de la fondation “Salif Keita” et la trésorière générale de l’association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD) Mali. Dites-nous d’où vous vient cet engagement ?

Je suis la Directrice de la Fondation, le président étant le fondateur Salif KEITA. Mon engagement vient naturellement du fait que je sois albinos, et de ma volonté depuis toute jeune d’aider de mon mieux chaque personne à s’épanouir quelque soit sa condition d’existence. Mon combat est global pour le bien être de chaque enfant, mais il est prioritaire pour les enfants albinos du fait des réalités que nous partageons car je peux m’imaginer plus facilement dans leurs difficultés quotidiennes.

2- Nos sociétés étant pleines de stéréotypes et d’idées reçues, comment vivez-vous l’albinisme ?

Personnellement je ne vis pas l’albinisme de façon particulière due surtout à l’acceptation de ma famille qui n’a montré aucune différence entre mes autres frères et sœurs et moi. Un tel comportement rend l’enfant plus fort. Et l’aide à affronter le regard des autres et de la société sans se sentir rejeter.
*Avez-vous eu à faire face à des propos discriminatoires ?
Pour ma personne non, mais je représente des personnes qui en souffrent quotidiennement notamment à l’école où il faut plus protéger et faire comprendre aux enfants que leur place est dans la société et non en marge.

3- Quelles actions menez-vous pour lutter contre les discriminations faites aux albinos ?

La sensibilisation et l’information, car l’ignorance constitue la base des discriminations. Nous appelons les pouvoirs publics d’œuvrer en faveur des enfants albinos par le fait de tenir compte d’eux dans les politiques de l’enseignement, de celles dédiées également à la santé. Car l’albinisme joue sur la vue et sur la résistance de la peau, et cela nécessite souvent la mise à leur disposition de conditions d’étude plus adaptées, et de prise en compte de leurs soins oculaires et cutanés.

4- Quels sont les objectifs de la fondation ?

Notre premier objectif est d’informer le maximum de personnes sur ce qu’est l’albinisme et d’éradiquer les discriminations liées à la différence de peau.
Nous ajoutons également à nos défis l’encadrement scolaire et l’apport de produits de première protection de la peau et des yeux des albinos que nous suivons.
Nous avons en projet la mise en place d’une base de données et d’une plateforme d’information dédiées aux albinos.
Si l’apport politique nous permet d’avoir un centre spécialisé, nous aurons gagné un grand combat dans le cadre de l’offre de soins aux albinos notamment les tests pour le cancer de la peau.

5- Quel message voulez-vous transmettre à travers votre combat ?

Que tous les humains sont égaux, et que notre différence est un enrichissement et une beauté à partager. Et non une raison d’arracher le bonheur de l’enfance ou de l’existence à ceux qui disposent de cette particularité qu’est l’albinisme.

6- Quelle est la leçon la plus importante que vous avez appris jusque-là ?

Que les superstitions et les fausses croyances ont la vie dure, et que le combat doit être quotidien pour aider et protéger les enfants albinos de toute forme de discrimination.

7- Vos mots de la fin

La majorité des albinos est encore aujourd’hui confrontée à un certain rejet social et même à des attaques physiques en raison de fausses croyances et de superstitions liées à l’albinisme en Afrique. De ce fait ils ont besoin d’aide et ça ne peut pas se faire sans l’aide des autorités et des partenaires.
Il faut une implication de leurs parts sur le plan de l’éducation, de la santé et de l’insertion professionnelle. Les autorités doivent adoptées une loi qui protège les albinos et nous comptons sur l’appui des partenaires pour mener en bien nos activités.